mardi 23 avril 2019

Construction de 4 "Chantiers pour le développement"



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A l'issu des derniers ateliers, le groupe de travail avait identifié et priorisé 21 aspirations. Liées les unes aux autres, elles ne formaient pourtant pas nécessairement un ensemble facilement mobilisable et manipulable. En tant que porteurs du processus, notre rôle est d’abord d’accompagner cette grande réflexion collective, ce basculement des consciences pour l’adoption d’une vision renouvelée des réalités socio-écologiques. Tout l’enjeu à ce stade du processus est de maintenir l’équilibre entre pensée complexe d’une part, et opérationnalité des résultats d’autre part. En effet il est relativement aisé de dessiner des réseaux et de contempler la complexité des interactions entre les acteurs et leur environnement, ou entre les aspirations et les contraintes, mais il est beaucoup plus difficile de savoir comment utiliser ces informations pour décider quoi faire, où et quand. La tentation serait alors d’abandonner cette complexité pour revenir à une vision plus classique qui considèrerait les aspirations comme des entités individuelles pour lesquelles on doit mettre en place des actions individuelles. Pour éviter cette tentation, il nous a fallu réduire cette complexité sans l’abandonner, l’apprivoiser afin d’en faire un outil opérationnel qui nous permette d’apporter des réponses pertinentes aux défis du développement local et de la gestion de l’espace. Pour être pertinente et opérationnelle, notre approche devait maintenir un degré minimum de complexité mais être compréhensible et utilisable par tous, y compris et surtout par ceux qui un jour auraient nos résultats en main et souhaiteraient les mettre en application.


Notre réponse à ce dilemme entre « tentation simplificatrice » et « complexité inutilisable » a été de :
 
1. Regrouper les aspirations par similarités pour former un réseau simplifié, puis les organiser en fonction uniquement des interactions directes (aspiration 1-->permet/facilite-->aspiration 2).

2. Classer les aspirations a priori selon que nous pensions qu’elles étaient hors de portée, réalisables par des actions ou des changements de pratiques locales, ou réalisables par notre partenaire privilégié: l’Agence Nationale de la Grande Muraille Verte.  Ce premier traitement nous a permis de former un réseau opérationnel (Fig.1).




Figure 1. Classification des aspirations.
Les liens entre les actions montrent témoignent d’interactions positives entre celles-ci. Les aspirations marquées d’un astérisque rouge sont a priori hors de portée (pas d'expertise, pas de moyens suffisants, pas de partenaire pertinent). Les actions marquées d'un astérisque orange sont a priori atteignable par des actions et arrangements par les locaux. Les aspirations marquées d’un astérisque vert sont a priori atteignable par une action de l’agence Nationale de la Grande Muraille Verte.
 
 
3. Isoler des petits groupes d’aspirations cohérentes pour former des "chantiers de développement" qui associent les aspirations prioritaires au type de changement nécessaire (adaptation, transformation, renforcement.), et aux contraintes et dilemmes identifiés. Ils constituent à la fois des cadres logiques et des objectifs pour le développement local (Fig.2).

Bien sûr ces 4 chantiers ne recouvrent pas l’intégralité des besoins du département de Ranérou, mais ils forment des objectifs réalistes basés sur une approche participative et permettent de penser le développement de façon complexe et systémique. En termes de stratégie pour le développement, ce résultat invite par exemple à prendre la problématique environnementale sous un angle social : si des actions « environnementales » sont toujours pertinentes (reforestation, surveillance, etc), il faut en premier lieu conduire des actions visant à fédérer les acteurs locaux et à améliorer la solidarité et l’action collective. On observe aussi que si nous n’avons pas de moyens pour réaliser des aspirations comme la facilitation de l’accès au crédit, il est possible d’influencer le système en mettant les moyens nécessaires pour faciliter la formalisation de groupes de producteurs.
 
Figure 2. Un exemple de chantier: le chantier 2. Les aspirations sont représentées en bleu, les contraintes dans les ellipses rouges. Les interactions sont signifiées par les flèches. Le signe sur le flèche représente le type d’interaction, « + » pour une interaction positive (amplification, facilitation), «-» pour une interaction négative (diminue, empêche).
 
 
 
Lors des prochains ateliers, chaque chantier sera ensuite par le groupe de travail, et nous essayerons d'identifier quels changements sont nécessaires pour atteindre les objectifs fixés par les chantiers, et quelles actions et interventions pourraient permettre ces changements.