Les 7
Piliers de l'amélioration de la résilience
(Biggs et al 2014)
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Future Sahel et Wayfinder
Si le concept de résilience est
aujourd’hui omniprésent dans le monde de la recherche et celui du
développement, nombreux sont ceux qui en regrette le manque
d’opérationnalité. La revue (re)think a récemment publié un
article sur Wayfinder (ici),
le dernier né des guides de resilience
assessment développé
au sein du programme GRAID1
et dont « Future Sahel » a la charge de conduire la
première étude pilote. Wayfinder vise à accompagner l’amélioration
concrète de la résilience des systèmes socioécologiques à
travers des processus participatif itératif. En nous focalisant sur
la Grande Muraille Verte (GMV)
au Sénégal, nous nous sommes fixé comme objectif d’utiliser
Wayfinder pour repenser collectivement la gestion et l’aménagement
des systèmes socioécologiques du Ferlo, et faire de la GMV un
vecteur d’amélioration de la résilience le long de son tracé.
Lancée en Juillet 2017, cette étude pilote a d’abord connue une
phase de préparation/fondation durant laquelle les membres de Future
Sahel ont (1) décidé de commencer par un premier site dans le
département de Ranérou, (2) centralisé
les informations existantes
quant aux dynamiques socioécologiques du Ferlo, (3) préparé
l’ensemble des protocoles de terrain et (4) commencé à former
deux comités de pilotages impliquant chercheurs et acteurs de la
gouvernance locale (comité local à Ranérou), chercheurs et acteurs
de la gouvernance Nationale (comité de réflexion à Dakar).
Les
comités. Le projet se
structure autour d'un site d’implémentation (Département de
Ranérou), et de deux comités. Le comité local est composé
d'acteurs de la gouvernance locale, il facilite la conduite des
phases de terrain et participe à l'analyse des résultats. Le groupe
de réflexion est composé d'acteurs nationaux et co-pilote le
projet.
Oui mais sur le terrain, comment ça marche ?
Entre
le 12 et le 22 Novembre, une équipe composée d’Arthur Perrotton,
Abdou Ka, Amadou Diallo et Deborah Goffner ont initié la deuxième
phase du projet (« définition du système ») en
organisant un premier cycle d’ateliers dans le département de
Ranérou. avec l’objectif suivant : comprendre les aspirations
et les contraintes des différents acteurs locaux, et comprendre
comment ils se représentent le système socioécologique dans lequel
ils vivent.
Ces ateliers ont étés pensés
pour prendre en compte la complexité des rapports sociaux au sein
du système dans lequel il intervient, et principalement le problème
des rapports de force et des asymétries de pouvoir (Barnaud
et al 2017).
Avant de réunir l’ensemble des acteurs locaux dans des ateliers
collectifs, nous avons donc décidé de commencer par créer des
espaces de libre parole pour tous en approchant les acteurs par
« groupes stratégiques » (O.
de Sardan 1995).
Ces groupes sont des agrégats sociaux, à géométrie variable,
qui défendent des intérêts communs, en particulier par le biais
de l'action sociale et politique. Dans notre cas, nous avons
identifié les groupes stratégiques suivants en tentant de les faire
homogènes quant à leur rapport à l’environnement et à leur
pouvoir de décision concernant la gestion de l’environnement :
1.
Acteurs locaux de la gouvernance
2.
Acteurs institutionnels (non gouvernance)
3.
« Exploitants » de la nature
4.
Pasteurs Peuls
5.
Groupements de femmes
6.
Commerçants (Atelier prévu en Janvier)
7.
Jeunesse (Atelier prévu en Janvier)
L’ensemble des ateliers ont été
tenus en Pulaar (la
langue majoritaire dans la région) et en Français, grâce à une
co-facilitation par Abdou Ka (Sociologue à l’Université Cheikh
Anta Diop), dont le Pulaar
est la langue
maternelle, et Arthur Perrotton (Modelisateur, CNRS). Au cours des
ateliers, nous avons favorisé les discussion collectives et afin de
pouvoir représenter l’ensemble des éléments abordés et énoncés
par les participants au fur et à mesure et avoir un dialogue
itératif et dynamique, et choisi d’utiliser un tableau blanc, des
images pré-imprimées...et nos talents d’artistes !
Dans chaque atelier, les
participants ont été amenés à donner leur définition du
bien-être et d’un futur désirable, puis à lister les contraintes
à prendre en compte et auxquelles il nous faudra collectivement
répondre au cours des mois à venir. Dans un troisième temps, nous
leur avons demandé de formaliser, sous forme d’un modèle
conceptuel du système tel qu’ils le perçoivent, c’est à dire
d’une version schématisée de la zone et de son fonctionnement.
Ces modèles sont alors une articulation des acteurs, de leurs
pratiques, et des ressources naturelles qu’ils utilisent.
Et les résultat ?
Aspirations des Pasteurs Peuls |
Contraintes des Pasteurs Peuls |
Aspirations des Groupements de femmes |
Contraintes des Groupements de femmes |
Modèle conceptuel des Exploitants de la nature (récolteurs de gomme arabique, récolteurs de fruits...) |
Les
contraintes sont parfois des éléments isolés,
mais le plus souvent elles sont multifactorielles et s'articulent les unes avec les autres. Ainsi
pour les pasteurs peuls, les problèmes de santé des troupeaux découlent du manque de vétérinaires, de la dispersion des villages qui rend l'accès aux services et produits vétérinaires difficiles, et au coût élevé de ces derniers qui les poussent à s’approvisionner en Mauritanie malgré une qualité (supposée) moins bonne.
Les modèles conceptuels sont des représentations graphiques de la manière dont l'interlocuteur considéré (ou le groupe) se représente le fonctionnement du système socio-écologique dans lequel il vit. On y retrouve alors des éléments "humains" et "non-humains", des éléments "naturels" et "institutionnels", et surtout les liens entre ces différents éléments. L'illustration ci dessus montre le modèle conceptuel proposé par le groupe des "Exploitants de la nature". L’intérêt de cet exercice est de matérialiser l'aspect systémique des interactions entre les hommes et leur milieu.
Les modèles conceptuels sont des représentations graphiques de la manière dont l'interlocuteur considéré (ou le groupe) se représente le fonctionnement du système socio-écologique dans lequel il vit. On y retrouve alors des éléments "humains" et "non-humains", des éléments "naturels" et "institutionnels", et surtout les liens entre ces différents éléments. L'illustration ci dessus montre le modèle conceptuel proposé par le groupe des "Exploitants de la nature". L’intérêt de cet exercice est de matérialiser l'aspect systémique des interactions entre les hommes et leur milieu.
Une
deuxième mission aura lieu en Janvier 2018 durant laquelle nous
répéterons l’exercice avec les deux groupes stratégiques
manquants. L’ensemble des résultats des 7 ateliers seront alors
analysés afin de mettre en lumière les éléments partagés par
les différents groupes, les éléments spécifiques et
potentiellement les éléments de discorde. Ces résultats seront
discutés lors d’ateliers multi acteurs en Février-Mars 2018.
1 « Guider
pour la résilience dans l’anthropocène : investissement
pour le développement » est un projet mondial basé au
Resilience Centre de Stockholm et met en réseau les experts
mondiaux afin d’améliorer et de diffuser l’utilisation du
concept de résilience dans les sphères du développement.
http://www.stockholmresilience.org/policy--practice/graid.html